Handicap visuel et supports de formation : agir maintenant pour une accessibilité réelle
24 juin 2025
Introduction
Accueillir en formation des personnes malvoyantes ou aveugles : tout le monde est d’accord… en théorie. Mais dans la pratique, on repousse souvent l’effort à demain, en attendant l’outil miracle ou le moment idéal. Pourtant, rendre ses supports accessibles n’est ni compliqué ni hors de portée. Voici comment passer à l’action, étape par étape, pour une formation vraiment inclusive dès aujourd’hui.
Les 4 principes incontournables pour des supports accessibles
1. Un plan hyperstructuré
Structurez vos documents avec des titres hiérarchisés (Titre 1, Titre 2, Titre 3…).
Utilisez des listes à puces pour faciliter la navigation.
Cette organisation permet aux lecteurs d’écran de lire et d’orienter l’utilisateur efficacement, sans souris.
2. Des couleurs et contrastes adaptés
Privilégiez un contraste fort : évitez les textes clairs sur fond clair.
Ne faites jamais reposer une information uniquement sur la couleur : ajoutez un mot ou une icône explicative.
Proposez si possible un mode sombre/clair pour les sites web.
3. Police, taille et interlignage lisibles
Choisissez des polices simples et sans empattements (Arial, Lato, Tahoma).
Veillez à un espacement suffisant entre les lignes et les lettres.
Limitez l’usage de l’italique et du gras, peu lisibles pour les outils de synthèse vocale.
4. Texte alternatif pour les images
Décrivez chaque image utile via le texte alternatif, accessible dans Word, PowerPoint ou sur le web.
Si l’image est purement décorative, marquez-la comme telle pour éviter la confusion.
Décrivez aussi le contenu des liens hypertexte pour une navigation fluide.
Adapter les documents : Word, PowerPoint, PDF
PowerPoint : Utilisé en présentiel, il doit être accompagné d’un document Word structuré pour les apprenants malvoyants.
Word : Le format le plus accessible, surtout s’il utilise les styles de titres et permet d’ajuster la taille des caractères.
PDF : Un simple export PDF est peu ergonomique ; privilégiez les PDF créés avec Adobe pour une accessibilité avancée, ou restez sur Word pour la lecture autonome.
Astuce : Utilisez la fonction “Vérifier l’accessibilité” dans Word ou PowerPoint pour corriger rapidement les points bloquants.
Rendre un site internet accessible
Navigation : Assurez-vous que tout le site est accessible au clavier (tabulation) et que les liens sont clairement nommés.
Contrastes et thèmes : Utilisez des outils comme Color Oracle pour tester l’accessibilité des couleurs, notamment pour les personnes daltoniennes.
Inclusive Design : Préférez des boutons et liens suffisamment grands, et adaptez la mise en page à l’agrandissement du texte.
Coût : Respecter les fondamentaux de l’accessibilité n’augmente pas forcément le coût de développement, surtout si c’est anticipé dès la conception.
Les normes et référentiels à connaître
RGAA (Référentiel général d’amélioration de l’accessibilité) : cadre français pour l’accessibilité web, basé sur la norme internationale WCAG 2.1.
WAI-ARIA : standards techniques pour rendre le code web accessible.
Ces référentiels servent de base pour échanger avec les développeurs ou agences web, et sont obligatoires pour les services publics et grandes entreprises.
Accessibilité et référencement : un duo gagnant
Soignez la structuration des titres (H1, H2, H3) pour faciliter la navigation par tabulation et améliorer le SEO.
Rédigez des balises Title précises pour chaque page, lues par les outils vocaux et visibles dans les résultats de recherche.
Décrivez les images via l’attribut ALT, mais laissez-le vide pour les images purement décoratives.
Écrire pour être compris du plus grand nombre
Adoptez la méthode FALC (Facile à lire et à comprendre) : phrases courtes, vocabulaire simple, explications des mots complexes, listes à puces.
Privilégiez la voix active et évitez les doubles négations.
Expliquez chaque terme technique dès son apparition dans le texte.
Conclusion
L’accessibilité des supports de formation pour les personnes en situation de handicap visuel n’est ni une montagne, ni une option. C’est un engagement concret, possible dès aujourd’hui, qui profite à tous les apprenants : plus de clarté, plus d’inclusion, plus d’impact.